Tout savoir sur l’arthrose

arthrose poignet

L’arthrose a longtemps été considérée comme une fatalité ou un simple vieillissement articulaire. Aujourd’hui, elle est reconnue comme une maladie à part entière pouvant être aggravée par certains facteurs (surpoids, antécédent fractures, prédisposition génétique…) et entraînant une dégradation du cartilage. Contrairement à ce que l’on croit, l’arthrose ne détériore pas uniquement le cartilage mais également la qualité osseuse. L’arthrose peut devenir invalidante et rendre les activités quotidiennes difficiles.

Qu’est ce que le cartilage ?
Le cartilage est l’amortisseur de nos articulations. Élastique et résistant, il recouvre les os des articulations afin d’absorber les chocs et d’éviter le contact direct entre deux os.
Avec le temps, votre cartilage peut s’user et s’amincir, pouvant aller jusqu’à sa disparition dans certains cas. Certains facteurs peuvent accélérer cette dégradation comme le surpoids, la sédentarité ou au contraire la pratique trop intensive d’un sport.

Qu’est ce que l’arthrose ?
L’arthrose est une véritable maladie articulaire et osseuse, très répandue dans la population. Elle concerne 40% des personnes âgées de plus de 70 ans. C’est une maladie évolutive, elle peut passer inaperçue au début et devenir au fil du temps douloureuse et handicapante.

Elle peut être due à une hyper utilisation ou une hyperpression d’une articulation et se traduit par différents phénomènes :

  • L’os se déminéralise et devient plus dur
  • A l’inverse, la densité du cartilage diminue et crée ainsi des irrégularités appelées géodes
  • L’usure du cartilage entraîne un rapprochement appelé pincement de l’interligne articulaire

L’arthrose est caractérisée par une douleur qui n’est pas continue et souvent liée à l’effort. Les douleurs intenses sont les conséquences des poussées inflammatoires.

D’autre part, l’intensité de la douleur n’est pas toujours proportionnelle à ce qui est observé sur les radiographies.
La douleur se ressent par épisode, quand l’arthrose est moins douloureuse elle correspond à la fin de la poussée inflammatoire. Gardez à l’esprit que même si vous ne ressentez plus la douleur, votre arthrose est toujours présente, et que vous devez ménager vos articulations.

L’arthrose évolue différemment d’un individu à l’autre, la sensibilité à la douleur aussi. Il n’y a pas de règle.

Arthrose primitive ou secondaire ?
Votre arthrose peut être qualifiée par votre médecin de « primitive » ou « secondaire ».

Lorsqu’on parle d’une arthrose primitive, il s’agit d’arthrose sans cause évidente, elle résulte d’un processus de sollicitation quotidienne de l’articulation. C’est la forme qui touche le plus de monde.

Au contraire, par arthrose secondaire, on entend une arthrose qui fait suite à une maladie infectieuse, un traumatisme (fracture, luxation, entorse, opérations du ménisque…) ou à un trouble architectural (problème de croissance…)

Localisation

L’arthrose peut toucher toutes les articulations de votre corps. Mais certaines zones sont touchées de façon plus fréquente que d’autres.

  • Genou = 30 à 40% (27% entre 63 et 70 ans et 44% +80ans)
  • Doigt = 40%
  • Pouce = 30%
  • Hanche = 10%
  • Épaule = 2%
  • Cheville = rare
  • Rachis = Toutes les personnes au-delà de 45 ans.

Symptômes

L’arthrose apparaît en moyenne à l’âge de 45 ans, elle se traduit par des douleurs articulaires plus ou moins intenses selon les personnes et selon les localisations.

Les symptômes de l’arthrose sont variés, il peut s’agir de :

  • Raideurs diminuant la mobilité,
  • Douleurs articulaires faibles le matin et s’intensifiant tout au long de la journée,
  • Ces douleurs peuvent provoquer des troubles du sommeil,
  • Les articulations peuvent gonfler suite à un épanchement liquidien particulièrement fréquent aux genoux,
  • Selon le stade de l’arthrose, des excroissances osseuses (visibles à la radiographie) peuvent apparaître, il s’agit d’ostéophytes,
  • Craquements, crissements,
  • Lors de la consultation, les douleurs articulaires peuvent être provoquées par la palpation.

Bon à savoir :

Une de vos articulations est gonflée, vous avez peut-être un épanchement qui pourrait être le signe d’une poussée inflammatoire d’arthrose, consultez votre médecin qui vous adressera un rhumatologue.

ATTENTION aux effets des ANTALGIQUES
Pour calmer les douleurs de l’arthrose, votre médecin peut vous prescrire des antalgiques plus ou moins fort. Lorsque vous les prenez, la douleur seule disparaît, le traitement prescrit n’a pas guéri l’arthrose. La douleur dans l’arthrose est un mécanisme de défense, lorsqu’elle n’est plus ressentie, il faut continuer de limiter les efforts sur l’articulation concernée.

Diagnostic

Pour diagnostiquer une arthrose, votre médecin commencera par évaluer la localisation et l’intensité de votre douleur articulaire.

Bon à savoir :

Il pourra, selon les cas, mobiliser les différentes tensions l’articulation, pour éviter les confusions, puisque par exemple une douleur au genou peut traduire une arthrose de la hanche.

Il sera peut être amené à vous faire faire une prise de sang, de manière à confirmer le diagnostic. En effet, si vous êtes atteint d’arthrose, votre bilan sanguin est le plus souvent normal.

Enfin, il vous prescrira une radiographie, qui dans la grande majorité des cas permettra de faire un diagnostic d’arthrose. Grâce à la radiographie, le médecin visualisera la présence ou non des signes caractéristiques d’une arthrose, tels que :

  • le pincement de l’articulation (c’est à dire diminution de l’épaisseur du cartilage). Il est provoqué par la destruction du cartilage ;
  • Apparition d’ostéophytes (excroissances osseuses) ;
  • L’os sous le cartilage aura tendance à se condenser ;
  • Présence de géodes dans l’os de part et d’autre de l’articulation.

L’importance des résultats radiographiques n’est pas toujours corrélée avec l’intensité des symptômes. L’arthrose se traduit par des épisodes de poussées inflammatoires et des épisodes de remissions. Il se peut que sans douleur, votre arthrose soit bien visible sur la radiographie.

Evolution

L’évolution de l’arthrose est différente d’un individu à un autre. Afin d’évaluer la progression de la pathologie à partir de radiographie, 4 stades ont été déterminés :

1- Déminéralisation et début de condensation osseuse
2- Apparition de pincement et début d’ostéophytes
3- Pincement + ostéophytes + dégradation articulaire
4- Dégradation générale allant jusqu’à la destruction du cartilage

Pour éviter la progression de votre arthrose, surtout n’hésitez pas à :

  • Pratiquer une activité physique adaptée à votre pathologie, sous le conseil de votre spécialiste ou de votre kinésithérapeute pour stabiliser les articulations
  • Perdre du poids en cas de surcharge pondérale
  • Certains compléments alimentaires peuvent participer au maintien en bonne santé des articulations.

Bon à savoir :

L’arthrose évolue par poussés douloureuses avec des périodes d’accalmie qui peuvent être de durée très variable. Parfois la radio montre une arthrose des 2 genoux alors qu’un seul genou est douloureux, ce qui traduit que l’un est en poussée inflammatoire et l’autre est stabilisé.

Les traitements de l’arthrose

Recommandations européennes pour le traitement de la gonarthrose (MAJ 2003)

Le traitement de la gonarthrose dépendra de :

  • Facteurs de risque locaux (obésité, facteurs mécaniques, activité physique)
  • Facteurs de risque généraux (âge, co-morbidité, polymédication)
  • Niveau de douleur et de gêne fonctionnelle
  • Signes d’inflammation (épanchement)
  • Localisation et importance des lésions structurales

Si vous êtes en surpoids, essayez de perdre du poids avec un régime adapté et suivi. Cela vous permettra de soulager vos articulations, de gagner en qualité de vie et en confort.

Traitement par voie orale :
La prise d’antalgique est le traitement de première intention, il peut être poursuivi au long cours s’il est efficace.

Dans le cas contraire, votre médecin pourra vous prescrire un traitement avec des antalgiques plus forts, voire des anti-inflammatoire.

Traitements locaux :
En cas de poussée inflammatoire et surtout s’il y a un épanchement, votre rhumatologue pourra vous faire une ponction puis une injection intra-articulaire d’un corticoïde d’action prolongée.

L’autre traitement local est la viscosupplémentation à base d’acide hyaluronique. Il s’agit d’une substance naturellement présente dans votre corps, et normalement sécrétée par la synoviale afin de protéger les articulations. Cette substance a pour propriété de rendre le cartilage plus élastique.

Bon à savoir :

Au cours de l’arthrose, la concentration d’acide hyaluronique diminue dans le liquide synovial. La viscosupplémentation permet de rétablir une concentration élevée d’acide hyaluronique dans vos articulations et augmente la lubrification, de manière à protéger le cartilage des chocs.

La viscosupplémentation en acide hyaluronique peut participer à la diminution de la douleur et améliorer la gêne fonctionnelle.

Prothèse :
Selon l’articulation qui est touchée par l’arthrose et en fonction de l’avancement de la maladie, votre médecin pourra vous adresser à un chirurgien orthopédique, qui pourra vous proposer une intervention. Le plus souvent il s’agit d’une implantation de prothèse.
Suite à cette opération, vous aurez des séances de rééducation pour faire travailler votre nouvelle articulation. La durée de vie moyenne d’une prothèse est de 15 à 20 ans selon le type de prothèse et sa localisation, c’est pour cela que le passage à la chirurgie intervient généralement en dernier recours.

Intervenants au cours du traitement :
Durant votre diagnostic et votre traitement, vous aurez l’opportunité de rencontrer différents médecins :

1) Le médecin généraliste sera votre premier interlocuteur et celui qui vous aiguillera.
2) Le rhumatologue est le spécialiste de votre arthrose.
3) L’arthrose chez les athlètes pourra être découverte par leur médecin du sport.
4) Un diététicien soutiendra et aidera le patient dans son objectif de perte de poids.
5) Le kinésithérapeute interviendra afin de renforcer la musculature du patient et de participer à diminuer les troubles statiques.

Rédacteur : Dr Lellouche, rhumatologue à l’Hôpital Lariboisière, Institut Nollet de Paris